La beauté et fragilité de la nature sont une évidence, préservons la.
Le retour du héron
J’habite ce que j’appelle une NatVille. C’est être à la fois en Ville et à la fois proche de la Nature.
À l’Est la capitale, à l’Ouest la forêt. Une Nature bien présente au quotidien avec sa flore, des chênes centenaires, des cyclamens, des perce-neiges… et sa faune, pics verts, chouettes hulottes, renards… et même des hérons.
Depuis 2 ans je ne voyais plus le héron qui avait pris ses habitudes dans le quartier. Il venait attiré par les poissons de la fontaine place Marine.
J’ai déjà assisté plusieurs fois à son expulsion par un personnage mal attentionné.
Un vieux monsieur gesticulait et poussait des cris pour le faire fuir quand il le voyait bien installé sur le bassin. Et il y mettait du cœur ! Au mieux, la pauvre bête s’envolait pour se percher à 20 mètres de haut sur un arbre proche pour être tranquille. Au pire, il prenait la mesure radicale qui s’imposait, fuir la zone à tire d’aile pour trouver un nouveau refuge proche de la Seine.
J’ai expliqué mon point de vue à ce monsieur. Il ne semblait pas comprendre pourquoi je défendais la cause de ce héron. Il préférait lui aussi me fuir et disparaitre dans l’une des avenues adjacentes.
Plus récemment encore, un groupe de marcheurs passent à proximité du bassin pour rejoindre la forêt. A la vue du héron, un femme d’un âge mûr sort du rang, traverse la route et vient gesticuler pour effrayer le héron perché.
J’imagine que ces actions répétées ont eu raison de la présence du héron qui lassé des agressions verbales et gestuelles a préféré séjourner en tranquillité loin de la ville et des hommes.
2 ans donc que je ne voyais plus de héron sur ce bassin. Je me disais qu’il s’agissait encore d’une « attitude positive » de l’homme sur la nature.
Un jour de mars 2021, en rentrant chez moi, je passe comme d’habitude sur cette belle place Marine. J’avais presque perdu l’habitude de scruter la possible présence du héron mais mes yeux se fixaient d’un coup sur la fontaine. Un jeune héron trônait magnifiquement bien au centre, à l’affût des poissons en contre-bas.
Je rentre alors chez moi en quatrième vitesse pour prendre mon appareil photo et repartir capturer l’instant. Le retour de ce héron au printemps proche était une belle nouvelle.
Sa présence ne passe pas inaperçu. La plupart des passants sont heureux, ils s’arrêtent et observent l’échassier. Ils profitent de ce moment de nature offert inopinément.
Certains, manquant d’éducation à la nature, poussent leur progéniture à escalader les barrières autour de la fontaine pour voir « la bête » toujours plus près.
J’ai même entendu un avis esthétique « celui-là n’était pas beau, il est déplumé ! » Un jugement à la hâte sans s’apercevoir que le vent soutenu soulevait quelques plumes le rendant juste un peu « décoiffé » parfois.
D’autres, n’hésitent pas à arrêter leur voiture de luxe au milieu de la route, formant inévitablement un petit bouchon avec quelques coups de klaxons. La vitre fumée descend côté conducteur et une main en sort armée d’un smartphone pour immortaliser le moment qui semble si extraordinaire.
Il y a quelques années de cela, j’ai surpris un passant bienveillant qui nourrissait le héron avec des maquereaux achetés fraîchement pour l’occasion !
La Nature en ville émeut encore ses habitants, c’est toujours une bonne nouvelle ! Je m’en réjouis. Espérons que la finalité ne soit pas juste de remplir les flux de photos sur les réseaux sociaux. J’ose croire qu’à travers cette petite observation urbaine, il existe bien un amour profond pour cette Nature dont nous avons tous besoin.