Par définition, la photo minimaliste doit être simple de lecture, imposer une géométrie, un sujet, une couleur.
Histoire d’un sillon, d’une rencontre photo
Un jour gris et froid en hiver 2010, au hasard de ma trounée dans le Vexin, j’atteris dans champ à moitié recouvert de neige. L’histoire commence…
Lors d’une balade photo en décembre 2010, le hasard me fait atterrir près d’un champ à moitié recouvert de neige dans le Parc National Régional du Vexin Français.
A moitié, parce que l’autre partie est découverte par un labour de tracteur bien orchestré. Celui-ci trace inlassablement ses lignes d’un bout à l’autre de la parcelle.
En regardant avec insistance, je vois un hôte de marque. Un héron cendré s’est invité aux allers et retours de l’engin. Il scrute le moindre mouvement dans cette terre fraîchement retournée. Le moindre crissement de petit rongeur lui indique avec exactitude à quel endroit frapper de son bec pour faire tomber cette nourriture inespérée dans son gosier de grand échassier.
Un, puis deux, puis trois mulots, un vrai glouton, mais où les met-il ? Il enchaîne les prises à une vitesse fulgurante.
Pour ma part, après avoir bien observé l’individu, il est également temps de passer à table et de mettre ce grand gourmand en photo. Mais comment l’approcher ? Celui-ci semble très vif malgré son estomac bien plein. Je suis au bord de la route et je respecte la distance de sécurité minimale jusqu’à présent. Mais impossible pour moi de le cadrer à cette distance.
J’attends donc que le tracteur arrive au bord de la parcelle et demande à l’agriculteur si je peux éventuellement profiter de l’engin pour approcher l’individu qui ne craint absolument pas la “grosse charrette”.
Certainement intrigué par l’imposant 500 mm que j’avais à l’époque, l’agriculteur m’invita à grimper dans la cabine de pilotage.
Le plan est le suivant : on se rapproche du héron en tracteur, ni vu ni connu, et à bonne distance, on arrête. Je descends du côté opposé au héron derrière la grosse roue arrière. Je m’en servirai pour cacher ma silhouette humaine bien trop connue de cet oiseau. Je n’aurai alors qu’à passer l’objectif délicatement sur le côté et déclencher.
Le plan s’exécute à merveilles et j’emmagasine quelques belles photos de ce fabuleux oiseau dans la neige.
Il est maintenant l’heure des présentations et remerciements auprès de mon serviteur.
C’est sur le fond de cette histoire animalière qu’une amitié naîtra entre François l’agriculteur et Marc le photographe. Dix ans après, je retourne régulièrement le photographier dans le cadre de son travail agricole.
Vous trouverez ci-dessous quelques rushes filmés dernièrement en drone lors de semis de lin. Pas la peine de scruter le champ, il n’y a pas de héron, juste des sillons et ma silhouette de télépilote de drone qui rentre parfois dans le cadre 😉